Emerveillement et héritage au glacier de Moiry
Juillet 2024. Je n’avais jamais pratiqué l’alpinisme avant ce week-end-là, et pourtant, cette expérience restera à jamais gravée dans ma mémoire. Sous la direction d’Anne et Charlotte, un duo de cheffes de course et initiatrices/pédagogues aussi compétentes qu’enthousiasmantes, j’ai découvert un univers où la nature et l’histoire se rencontrent à chaque pas.
Nous étions un groupe intergénérationnel, réunis par notre fascination commune pour les montagnes et l’esprit d’aventure que le Piolet Club incarne depuis sa création. Dès le départ, j’ai compris que ce week-end serait bien plus qu’une simple sortie en montagne : une véritable immersion dans l’alpinisme, ses défis, mais aussi son héritage.
Le glacier de Moiry, avec ses glaciers majestueux et ses sommets imposants comme la pointe de Mourti (3564 m), le pigne de la Lé (3396 m) et le Grand-Cornier (3962 m), m’a offert un cadre exceptionnel pour vivre cette aventure. Et puis, la cabane de Moiry, perchée à 2800 mètres, a été le lieu idéal pour passer une nuit en altitude. L’air rare qui fait battre le cœur plus vite, la vue imprenable sur le glacier… c’était tout simplement magique.
Sur le glacier, un sentiment de pureté et de magie m’a envahie. L’éclat des glaces éternelles, bien que partiellement réduites par le changement climatique, son bruit/silence, les couleurs qui nous entouraient, et cette sensation étrange de marcher avec des crampons, même sur du rocher (et quelle surprise de constater leur efficacité !) ont ajouté à l’instant cette touche de magie. C’était un univers totalement différent, un peu comme un autre monde.
La beauté des lieux et les histoires et les récits qui ont ponctué notre aventure mon touchée. Vincent, avec sa passion, nous a raconté l’anecdote fascinante de la première fois qu’un membre du Piolet Club a vu des alpinistes porter des crampons, une innovation qui semblait révolutionnaire à l’époque. Ces récits du passé m’ont encouragée à me plonger dans l’histoire de l’alpinisme, m’aidant à mesurer le chemin parcouru.
J’ai pensé à toutes les personnes qui ont ouvert la voie dans ce domaine, souvent au prix de grandes difficultés. Et ce week-end, c’était particulièrement émouvant de voir que notre groupe comptait une belle majorité de femmes. Ce fait m’a fait penser à l’histoire du Club Suisse des Femmes Alpinistes (CSFA), actif entre 1918 et 1979, et à l’évolution du rôle des femmes dans l’alpinisme. Cette avancée, fruit de décennies d’efforts et de passion, m’a rappelé que l’alpinisme n’est pas qu’une simple conquête physique, mais une véritable quête culturelle et sociale. D’ailleurs, pour ceux qui souhaitent en savoir plus, le CAS a publié un très bel article sur ce club visionnaire et son impact sur l’alpinisme féminin (à lire ici).
Mais ce qui m’a réellement marquée, c’est l’esprit de camaraderie et de partage qui régnait dans notre groupe. Alors que j’apprenais les rudiments de l’alpinisme, que ce soit l’encordement, la manière de progresser ou l’ascension des sommets, j’ai ressenti un véritable esprit de solidarité. Même quand un caillou a roulé sous mon pied et m’a donné un petit coup de panique, avec une sensation de vertige et de vide, le soutien de ce groupe soudé, bienveillant, drôle et plein d’encouragements m’a permis de surmonter ma peur et de repousser mes limites, au milieu de ces montagnes qui nous rappellent à quel point nous sommes petits.
Au moment de redescendre, un dernier regard vers le glacier et ses sommets majestueux m’a permis de savourer pleinement cette expérience unique. Ce premier pas dans l’alpinisme m’a donné envie d’aller encore plus loin, de découvrir davantage non seulement les montagnes, mais aussi la belle compagnie qui m’accompagnait et les histoires fascinantes que les montagnes portent en elles.
Un grand merci à Anne, Charlotte, Vincent, Agathe et Chloé pour cette aventure inoubliable, et longue vie au Piolet Club qui permet au quotidien de vivre des moments uniques.