, Annamaria Mosetto

Safari Rando

Safari Rando 2024 (aka life is like a box of chocolates, you never know what you're gonna get)

Et ... aussi cette année la longue sortie avec nos guides est arrivée à terme, très longue et trop rapide en même temps. La destination initiale était le glacier d'Aletsch avec son immense plateau, mais non...le destin (ou plutôt la météo) ont décidé autrement et le plan B a été choisi: le glacier d'Otemma. Les chanceux qui ont eu le plaisir de me connaître pendant quelques années savent que j'aime cet endroit. Je suis tombée amoureuse quand, en 2018, j'y suis allée pour la première fois. Arolla, en val d'Hérens, est déjà un lieu bien perdu, mais le glacier d'Otemma est encore plus perdu...et ça me fait rêver. Malheureusement la météo, le Covid, les combinaisons astrales adverses ont voulu que je n'ai jamais pu le traverser et cette année le destin a décidé autrement, sauf changer d'avis à la dernière minute. 
Le programme prévoyait deux nuits à la cabane des Vignettes et une nuit à la cabane de Chanrion pour les aventuriers de 4 jours et une nuit en moins aux Vignettes pour les aventuriers de 3 jours.
 
*  *  * 1er jour   * * *
 
Le jeudi le premier groupe, dont je faisais partie, est monté aux Vignettes accompagné par le guide Léo, la météo peu clémente nous a quand même laissé voir quelques profils de montagnes. Nous sommes montés tranquillement au travers des moraines d’un ancien glacier, puis nous avons rejoint la grande combe du glacier de la Pièce pour arriver enfin à la cabane, perchée comme un nid d’aigles au col des Vignettes. Il faisait déjà bien froid et nous avons bien profité de l’accueil à la cabane pour nous réchauffer.
 
*  *  *  2e jour      * * *
 
Le matin suivant la météo laissait une fenêtre de beau temps jusqu’à environ 9h, donc Léo nous a proposé un réveil tôt pour en profiter et gagner le Pigne avant l’arrivée du mauvais temps. Le départ a été spectaculaire: les lueurs de la cabane dans le lointain, les sommets de la Dent Blanche et de la Dent d’Hérens dessinés contre le ciel qui commençait à s’éclairer, les nuages lenticulaires en direction du glacier d’Otemma.
 
Le chemin vire rapidement à l’ouest peu après avoir traversé à plat le col des Vignettes. Après une montée assez raide, le terrain s'adoucit pour laisser place aux pentes facilement skiables qui mènent au sommet. Je ne sais pas quelle température il faisait exactement, mais surement au-dessous des -10°C. Tout le monde est arrivé en haut avec doudoune et goretex et nous avons secoué nos bras à plusieurs reprises pour se battre contre le froid. La descente a été très agréable, avec de la bonne neige fraîche bien facile à skier, sauf aux endroits où elle avait été trop soufflée par le fort vent. 

Nous sommes rentrés à la cabane très tôt (09h30!) et nous avons attendu nos amis du groupe des trois jours, qui nous ont rejoints peu après midi, accompagnés par le guide Louis.

* * *  3e jour   * * *

Le troisième jour était une épopée…le programme prévoyait de partir vers le glacier d’Otemma pour rejoindre la cabane de Chanrion au travers du passage des Portons. Après quelques centaines de mètres toutefois nous avons renoncé très sagement à continuer. Nos guides ont évalué qu’il n’était pas possible d’avancer en sécurité avec le peu de visibilité et la grande quantité de neige tombée pendant la nuit. Rentrés aux Vignettes, un plan C a été trouvé, soit de descendre à Arolla, remonter à la cabane des Aiguilles Rouges et skier le dernier jour dans les alentours. 

La descente sur Arolla à été pour moi le meilleur ski de la saison, peut-être battu uniquement par les descente du jour suivant. La neige était juste parfaite, légère, poudreuse, et la visibilité suffisante pour pouvoir descendre sans problèmes. Merci à nos guides pour avoir bien choisi un joli parcours parsemé de très belles pentes! 

Une fois à la Gouille, nous avons recommencé à monter, la neige en bas était juste suffisante pour ne pas trop gratter les skis. On a même eu quelques éclaircies bleu ciel. Entre deux mots sur la Patrouille des Glaciers au départ le jour suivant et les projets pour l’été, nous sommes enfin arrivés à destination. 

La cabane était…particulière…bien que le couple de gardiens soit sympa et disponible, la cabane paraît sortie d’une mauvaise édition de Shining version suisse. Mauvaises odeurs des toilettes, un seau pour récolter l’eau qui tombe à l’intérieur et, la cérise sur le gâteau, un dortoir à 6°C. What a dream! 

Mais, mais, la nourriture était très bonne et la chaleur humaine, au sens physique et métaphorique du terme, nous a permis de passer quand même une très bonne soirée entre le match LHC-Zurich, les cartes et du papotage. 

* * *   4e jour    * * *

Le quatrième jour était la grosse improvisation, mais très très beau. Les guides nous ont proposé un parcours “hors sentier battu”, ou mieux, hors trace bleu, pour aller rejoindre la base des sommets des Aiguilles Rouges, puis descendre dans des champs de poudreuse incroyable et puis remonter à nouveau et puis redescendre à nouveau sur une autre couverture blanche pour après terminer dans les buissons du vallon vers Satarma. Les hélicoptères de la Patrouille nous ont tenu compagnie pendant la dernière partie de la descente, mais ils nous n’ont pas offert un passage jusqu’aux Haudères malheureusement. On a demandé au militaire à côté du terrain d'atterrissage, mais il a reçu un gros “negatif” de son supérieur.

Quoi dire d’autre? Je pourrais écrire pendant des jours de tous les détails, de la boucle de ma chaussure cassée, du froid au mains, des parties à Yass, des “special guests” Antoine et Vanessa, des réflexions sur le sens de la vie qui perturbent la montée quand on va pas assez vite, des rêves de Jacuzzi et de SPA de Yves-Alain et puis encore d’autres choses…mais le message est qu’il faut venir la prochaine fois, au lieu de rester au chaud en plaine. Il n’y a rien de bon qui se passe quand on pose trop longtemps le derrière sur le canapé ;-). 

Et puis ce glacier d’Otemma, longuement désiré, restera un désir, mais j’en vois des bouts à chaque fois, il se révèle petit à petit pour se faire désirer encore plus.